L’image que nous avons du Moyen Age, comme l’ont montré beaucoup d’historiens tels Jacques Le Goff ou Georges Duby, est encore trop souvent faussée par des idées reçues et des visions héritées des hommes du XIXe siècle. Si il y a de belles légendes, on trouve surtout beaucoup de non-sens et de contre-vérités.
Dès le départ, résumer en deux mots -Moyen Age- mille ans de notre Histoire (soit tout de même la moitié de notre ère !) ne pouvait que donner une vision partielle… et partiale puisqu’il s’agirait d’un âge moyen ! Une parenthèse située entre une « Grande Antiquité » et enfin, un renouveau lors de la Renaissance. Cela aboutit à figer cette période en là résumant à quelques clichés faisant du Moyen Age une époque barbare, décadente et sale ; comme s’il n’y avait eu aucune évolution, aucune découverte, aucun progrès durant un millénaire.
Hors, le Moyen Age est tout aussi riche que les autres périodes de l’Histoire. Il a effectivement connu son lot de guerres, d’épidémies, d’invasions,… mais est-ce vraiment différent des autres époques ? Il ne faudrait pas oublier les moments de paix, de prospérité économique, de création artistique, de progrès techniques et scientifiques,… Bon nombre de nos habitudes quotidiennes actuelles, qu’elles soient sociales, politiques, économiques ou juridiques sont nées durant cette période.
Les monuments construits au cours du Moyen Age évoquent également cette diversité. Même en ruine ou fortement remaniés, ils portent les traces, voire des cicatrices qui témoignent de l’évolution de la vie quotidienne, des progrès techniques, des changements de mentalités, des temps de paix ou de guerre…
Heureusement, cette période bénéficie depuis quelques années d’un regain d’intérêt et même d’un certain engouement qui lui redonne peu à peu ses lettres de noblesses. Il n’y a qu’à voir les nombreuses revues généralistes (Le Point, Ca m’intéresse, Le Nouvel Observateur,…) qui publient régulièrement des Hors-séries et des articles réalisés par des historiens médiévistes ; ou encore les multiples magasines spécialisés comme l’Histoire, Historia, Histoire et images médiévales, Le Moyen Age, Le Médiéviste,… En témoignent également les innombrables fêtes médiévales qui fleurissent dans les villes et les châteaux, favorisant ainsi l’intérêt du grand public.
Mais revers de la médaille, cet engouement ne s’accompagne pas toujours d’un soucis d’authenticité et de réalisme. Il est regrettable que dans les monuments, nombres de visites soient encore émaillées d’idées reçues et plus grave, d’erreurs qui faussent totalement la réalité. De même, beaucoup de fêtes médiévales n’ont de médiéval que le nom et là encore, véhiculent une image au mieux fantastique, au pire grotesque du Moyen Age.
Si la passion est primordiale, elle ne fait pas tout. On ne peut évidemment pas demander à tout le monde d’être spécialiste, mais par contre, l’historien peut donner aux passionnés les clés de l’authenticité. La réalité n’est pas moins belle ni moins intéressante, elle est tout simplement plus enrichissante et souvent plus étonnante…
C’est ce regard sur l’histoire et cette philosophie que nous appliquons à l’ensemble des recherches que nous réalisons ainsi qu’aux conférences et visites que nous proposons.